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Le paysage théâtral tunisien, reflet du monde et de sa dignité
Le Théâtre National Tunisien s’est exprimé à l’occasion de cette Journée Mondiale du Théâtre non pas pour célébrer la beauté de l’art, mais pour rappeler sa raison d’être, celle d’un espace de vérité, de combat, d’espérance, alors que le monde chancelle sous le poids de tragédies humaines. Ce message, loin des convenances, sonne comme un appel. Un appel à ne pas détourner le regard, à ne pas céder à la lassitude ni à l’indifférence.
Le monde, tel qu’il est dépeint dans cette prise de parole, ressemble à une scène où se joue une pièce tragique. Une scène où la brutalité, souvent première, où la solidarité se consume sous les feux de la guerre, où la forme et la beauté essaient de l’emporter sans doute, mais où tout de même, face à ce chaos, le théâtre se dresse et se pose des questions, ne cherche pas à fuir, mais interpelle, transforme. Il ne prétend pas offrir des réponses toutes faites, mais il ouvre des pistes, invite à ressentir, à penser autrement, à reconstruire un imaginaire plus humain.
Ce regard lucide ne s’accompagne d’aucune défiance envers l’art à travers le temps, il fait encore foi dans l’art capable de relier les blessures d’hier et désordre la peur d’aujourd’hui. Le théâtre tunisien, hérité de la tradition millénaire, a toujours été cet espace d’expression libre et éloigné d’un repli identitaire même s’il est enraciné dans sa culture, mais toujours enclins au travail de l’art qui interroge avec une passion brûlante les grandes questions de l’époque. Il interroge frontalement la coexistence, les conflits, les ruptures, mais aussi les possibles réconciliations.
Toujours, le théâtre tunisien se dépasse lui-même en allant au-delà des limites géographiques et en s’associant aux luttes qui secouent le monde arabe et le monde africain. Dans ce creuset se tient une voix collective de douleur et de dignité qui refusera toujours le silence voire la soumission.
La cause palestinienne prend place au cœur de cette initiative. Le Théâtre National Tunisien renouvelle avec force son soutien au peuple de Gaza devant l’injustice et la souffrance de l’occupation : il ne s’agit pas d’une simple prise de position politique mais d’une éthique ; c’est une fidélité à une vision du théâtre comme espace d’engagement profond. Alors que les repères se brouillent, le théâtre tunisien est encore celui qui croit en la lumière. Lumière qui surgit parfois d’un geste sur scène, d’un mot dit juste, d’un silence habité. Lumière qui éclaire les blessures mais ne s’y résigne pas.
Tant qu’il y aura des artistes pour incarner cette flamme, pour défendre la justice, pour raconter l’humain dans sa complexité, le théâtre vivra, sera nécessaire et éminemment utile.
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